Monday, March 14, 2011

Pour ou contre- Le Mauricianisme vu par les jeunes Le Defi Quotidien/14/03/2011

Pour ou contre – Le mauricianisme vu par les jeunes


43 ans après l’indépendance et 19 ans après avoir accédé au statut de la République, être Mauricien c’est quoi ?  Quel est le regard des jeunes sur le pays ? Comment veulent-ils façonner  l’avenir ? Pour répondre à ces questions, Karishma  Beeharee a invité sur le plateau de l’émission Pour ou Contre Chetan Ramchurn, président de l’aile jeune du MMM, Michel Chiffonne, jeune membre de Résistans Ek Alternativ, et Esha Dwarka, membre de  la Students’ Union de l’Université de Maurice.

> Être Mauricien signifie quoi  pour vous ?
Michel Chiffonne : Je suis né à Maurice et je me considère comme un citoyen mauricien à part entière. Je pense que, de par leurs origines, les Mauriciens ont hérité des multiples facettes invisibles qui guident leur vie. Par exemple, moi qui suis athée, j’offre toujours un gâteau à ma maman, qui est une catholique pratiquante, pour la fête de l’Assomption.  C’est une façon de vivre qui est innée en moi.  

En tant que Mauricien, je parle le créole. Mais c’est dommage que cette langue n’est pas valorisée.  Même au Parlement, cette langue n’est pas utilisée, sauf pour injurier ses adversaires.  Cela dit, chaque année, la lecture du Budget se fait en anglais, même si une majorité de Mauriciens nont rien compris à la fin. C’est vraiment dommage. 

Esha Dwarka : Pour moi, la diversité culturelle et religieuse fait la beauté des Mauriciens. Un Mauricien peut interpréter un séga, une chanson indienne, chinoise, marathie, tamoule etc.  Notre langue, le créole, est aussi unique, car elle comporte des mots en anglais, français, bhojpuri, chinois etc. Mais, malheureusement, ils vont  toujours mettre leur appartenance ethnique et religieuse en avant.  Mais dès qu’ils sont à l’étranger, ils vont se rappeler qu’ils sont avant tout des Mauriciens.

Chetan Ramchurn : Pour moi, être Mauricien, c’est  d’avoir une ouverture d’esprit envers les autres communautés du pays.  C’est aussi d’avoir la capacité d’écoute et d’agir comme un vrai  citoyen. Michel et Esha ont  parlé de l’importance de la langue  dans la création d’une nation. Je me rappelle toujours qu’en 1983, on avait interprété l’hymne  national pour la première fois en créole,  et que Harish Boodhoo  avait contesté à l’époque.  Malcolm de Chazal avait un jour réclamé une réconciliation nationale. Cette réconciliation nationale est venue en 1982, mais gâchée en 1983 par une série d’attaques communales contre Paul Bérenger. 

> Les jeunes qui se sont engagés sur différents plate-formes,  avez-vous remarqué ce sens de patriotisme ?
Esha  Dwarka : Le sens patriotique… il n’est pas comme je l’aurais souhaité. La seule fois où nous vivons ouvertement notre patriotisme, c’est le jour de la fête de l’Indépendance, quand nous plaçons le drapeau national sur nos maisons et  quand on célèbre des fêtes nationales comme la Noël, le Divali, le Mahashivaratree etc.

Toutefois, je ressens qu’il y a un sens patriotique plus poussé parmi les jeunes d’aujourd’hui, comparés à la génération passée.  C’est surtout à l’Université de Maurice que c’est plus marquant, car la question de communauté, de race, de couleur et de religion  passe toujours au second plan. On vit pleinement notre mauricianisme.

Michel Chiffonne : C’est triste que c’est seulement quand des Mauriciens sont confrontés à des problèmes, par exemple quand il y a des licenciements en masse, qu’ils s’unissent et la question d’appartenance ethnique ne compte pas.   Par la suite, la division communale va reprendre le dessus.  Je pense que c’est notre système politique qui est en cause. D’où le combat mené par Resistans Ek Alternativ contre le communalisme institutionnalisé dans notre système électoral.  C’est cette politique communale qui compartimente la communauté mauricienne.

Chetan Ramchurn : Je trouve que le sens d’appartenance au  pays est nettement en déclin par rapport aux années 70, où il y avait une ferveur autour  des valeurs mauriciennes. Au niveau des recrutements, il y a toujours cet ethnocentrisme. Je trouve que notre sens de patriotisme est toujours flottant.  Comment expliquer que les Mauriciens s’identifient pleinement à la nation mauricienne  et que, parfois, ils ne se sentent pas connectés à la nation ? Cela s’explique par le fait que  des politiciens distillent la haine communale à la veille des élections. Au niveau de l’aile jeune et du MMM, nous saluons l’initiative du groupe 104 qui mène un combat contre le communalisme.

> Qu’est-ce qui explique vos engagements ?
sha  Dwarka : ED’abord, à l’Université de Maurice, nous nous sommes engagés pour venir en aide aux jeunes qui font face à des problèmes sur le campus. Nous nous engageons aussi dans le social.

Chetan Ramchurn : J’étais en Form IV, quand il y a eu des émeutes de 1999.  J’étais au collège Royal de Curepipe et il y avait  une classe sur  les cultures. Nous avons parlé sur la ghettoïsation et comment une partie de la population s’est retrouvée reléguée dans des endroits les plus défavorisées et subissent un appauvrissement extraordinaire.  Il y a aussi l’attentat de la maison de jeux Amicale.  Ces deux événements ont été un déclic pour moi.  D’où ma décision de m’engager dans le combat politique. 

Michel Chiffonne : Au départ, j’étais un artiste de musiques très engagées.  J’écrivais des textes. Par la suite, j’ai décidé de mettre mes idées en action et, le seul mouvement qui m’était proche idéologiquement, était Lalit. J’avais 20 ans à l’époque. J’y ai adhéré et je peux vous dire que c’était une véritable université politique. 

J’ai mené le combat contre les méthodes musclées de l’inspecteur Raddhoa. J’ai aussi milité pour l’environnement. Par la suite, j’étais devenu le représentant de  l’aile jeune de Lalit au niveau du Comité central. Après quelques années, il y a eu une cassure au niveau de ce parti et j’ai rejoint le groupe Resistans Ek Alternativ.

> Pensez-vous pouvoir mener le changement que vous prônez ?
Chetan Ramchurn : Définitivement. Sinon, je ne me serais pas engagé. J’ai la force de mes convictions. J’ai une équipe de jeunes derrière moi. Je trouve que le MMM est la meilleure plate-forme où je puisse mener le combat.
Michel Chiffonne : J’aimerais faire ressortir que les Nations unies vont se pencher sur la motion présentée par Resistans Ek Alternativ contestant  l’appartenance communale aux élections.

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