Monday, March 28, 2011

Politique : je t'aime, moi non plus !/ Le Mauricien 28/03/2011

REGARD
Politique : je t'aime, moi non plus !

FABIANI BALISSON
Jeunesse Militante

Les jeunes entretiennent avec la politique un lien construit entre héritage et expérimentation. Si leur intérêt pour ce domaine est bien réel, la forme de leur engagement, elle, a changé, tout comme le contexte même de l'action politique. Non, les jeunes ne sont pas dépolitisés ! Loin s'en faut. Plus informés, ils sont plus critiques et exigeants que leurs aînés à l'égard des politiques, n'ont pas remisé leurs illusions, et leur expérience dans ce domaine se révèle plutôt riche, voire pleine de promesses pour l'avenir. Les sirènes alarmistes qui retentissent dès qu'est abordée la question du rapport des jeunes à la politique peuvent donc se mettre en sourdine.

Toutefois, l'engagement des jeunes dans la politique traditionnelle reste tout relatif. Du moins passif. Pour autant, l'engagement politique semble être plutôt social et à dimension nationale. Le refus du communautarisme et du repli identitaire, la lutte contre la violence, la dénonciation de la guerre, la défense des intérêts de la jeunesse semblent tenir une part importante dans leurs revendications pour une politique à visage humain, plus proche du peuple et à l'écoute de ses besoins.

En fait, les jeunes sont, aujourd'hui, à la fois intéressés et désintéressés par la politique… comme bon nombre de citoyens. La jeunesse étant, en outre, confrontée à un double impératif : s'identifier à ses aînés et innover. Nous vivons en 2011 avec la génération facebook qui fait sa révolution dans le monde arabe. La mobilisation et la sensibilisation se font désormais en ligne et de manière spontanée. Le net est devenu l'espace d'expression et d'action de cette nouvelle graine intellectuelle, jeune et vivace.

Les jeunes sont aussi souvent renvoyés à l'histoire pour ne pas avoir connu les années de braise et l'époque margoz. Faut-il le rappeler que les jeunes rencontrent la politique dans un contexte assez différent de celui de leurs parents, car le système de repérage, les grands clivages idéologiques, sont désormais en partie brouillés. Ainsi, notamment, les oppositions gauche-droite ou socialisme-libéralisme économique ne sont-elles plus aussi évidentes. Les jeunes renvoient dos à dos les trois grands partis, notamment le MMM, le PTr et le MSM. Les jeunes identifient, en revanche, les extrêmes comme étant les seules forces politiques à partir desquelles se structure le débat. En dehors de ces extrêmes, dont il convient certes de se protéger, les partis sont peu différenciés.

Mais même s'ils maintiennent une distance, voire nourrissent une certaine méfiance, envers les hommes et les institutions liés à la politique, les jeunes sont loin d'en déserter la scène. Bien au contraire, leur activisme est réel et ils sont très mobilisés. Ce qui a donc changé, c'est d'abord le contenu de leur engagement, mais aussi le contexte de désinstitutionalisation de l'action politique dans lequel ils expérimentent la mobilisation collective. Nos aînés, en effet, tout en s'orientant également vers des formes autonomes et spontanées de revendication, conservent, eux, la mémoire des modes d'action traditionnels. Les jeunes veulent en fait réconcilier terrain des idées et action, aspirent à un retour de l'éthique politique, et prônent l'engagement, la vérité et l'humanité.

Les jeunes ont choisi leur voie : faire entendre leurs idées et donner un électrochoc à cette classe politique qui nous dirige. Nous prônons le refus d'être des moutons de Panurge et nous voulons être maître de notre destinée…

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