Wednesday, September 28, 2011

“NOU TI ZIL”: Et si la démocratie était mourante ?/ Le Mauricien 28.09.11

“NOU TI ZIL”: Et si la démocratie était mourante ?

Notre petite île a vu passer un certain nombre de tempêtes ces derniers temps. L’une d’elles est incontestablement l’affaire MedPoint. Comme un bon feuilleton, les rebondissements n’en finissent plus et l’on se demande si l’on verra un jour le bout du tunnel. Pour l’heure, on se contente de laisser travailler les institutions en voulant bien croire à leur indépendance d’action.
Or, le dernier épisode auquel nous avons eu droit a surpris bon nombre de Mauriciens. Nous avons tous appris, avec un certain étonnement pour certains, l’arrestation du Dr. Zouberr Joomaye. Que devrions-nous en penser ? Moi, je ne suis qu’une simple citoyenne, aucunement experte en matière légale. Je me passerai donc de commentaires sur l’aspect légal de cette affaire. Cependant, comme bon nombre de Mauriciens, je me pose des questions. Nous ne savons pas à ce jour si les révélations sont vraies ou fausses. Ce que nous savons c’est que le Docteur en question est devenu suspect du jour au lendemain. Il a été arrêté pour « conspiracy to fabricate facts against the Prime Minister ».
Où est la vérité et où est le mensonge, nous ne le savons pas encore. L’enquête est en cours. Mais nous aimerions comprendre comment on devient suspect aussi rapidement. Est-ce parce que les allégations impliquent une haute personnalité ou est-ce parce que ces allégations seraient gênantes pour certains ? Nous ne le savons pas. Mais on peut d’ores et déjà sentir une certaine méfiance et une crainte de machination. Devrait-on craindre que les institutions soient utilisées par certains ? Devrait-on craindre d’être incriminé pour avoir cru dénoncer une injustice ?
Comme si la saga MedPoint ne suffisait pas pour un si petit pays, nous avons aussi eu droit à l’affaire Khamajeet. Comme tout Mauricien qui écoute la radio, nous avons entendu une certaine bande sonore incriminant le PPS. Là encore, on se demande où est la vérité. Etait-ce une manipulation d’un journaliste en quête de sensation ? Dans ce cas, comment expliquer les menaces de mort qu’il recevrait ? Sommes-nous toujours dans le sensationnel ou devrions-nous nous poser des questions ?
Sans incriminer qui que ce soit, que cette bande sonore soit la vérité ou une pièce montée, ce qui m’intéresse à ce jour, c’est l’implication du contenu de cette bande. Supposons un instant que ce soit des paroles effectivement prononcées par une personne quelconque dont nous ignorions l’identité. Alors, cela répondrait certainement aux questions concernant le désintéressement des jeunes pour toute la chose politique. Cela expliquerait aussi pourquoi les jeunes partis poursuivre des études ne reviennent pas au pays. Quelle place laissent de tels mots à la méritocratie ? C’est assez inquiétant en soi. Ou peut-être est-ce la faute aux habitudes des mandants eux-mêmes ? Parce qu’en fin de compte, dans notre pays, ils sont nombreux encore à apporter leur aide à un candidat à des élections en attendant, comme Perette, que « la poule ponde son œuf pour s’acheter un bœuf ».
Ces interrogations semblent d’autre part confirmer l’atmosphère qui règne dans notre société, telle que reflétée par les réseaux sociaux. A l’heure des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, nous sommes nombreux sur les réseaux comme Facebook. Et qu’y voit-on ? Des jeunes qui s’interrogent sur leur chance de trouver un emploi. Des jeunes qui s’interrogent sur la liberté de l’individu. Des jeunes qui craignent d’être interpellés pour avoir critiqué tel ou tel politicien…
Est-ce la mort de la démocratie dans notre île ? Censure de la presse, intimidation de journaliste, arrestation de témoin, la liste est longue. Et commence à ressembler de trop près à un régime de dictature. Face à toute cette crise, le peuple ne demande qu’une chose. Que la lumière soit faite sur la vérité. Que la démocratie prime. Que ceux à qui le peuple admirable a accordé sa confiance pour diriger ce pays réagissent !

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