Saturday, June 25, 2011

LA MENTALITÉ MAURICIENNE… Une facette des habitudes de penser/Nooreeda Khodabocus/Le Mauricien 24.06.2011

LA MENTALITÉ MAURICIENNE…

Une facette des habitudes de penser

On entend beaucoup parler de réforme du système éducatif. L'une des questions majeures dans ce débat concerne certainement l'élimination de l'élitisme. L'élitisme est-il vraiment en cause dans notre système ou serait-ce plutôt la mentalité mauricienne justement ? La réalité est qu'aujourd'hui encore nous sommes face à une certaine obsession pour certaines filières académiques au détriment d'autres filières considérées comme " perte de temps ", " pas scientifique " ou " ki to pou al fer avec ene diplôme en langue, en musique, ou en dessin ? ".

A bien y réfléchir, on est en droit de se poser des questions. Prenons la Chine par exemple. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. C'est un pays qui a su tirer profit de ses compétences. Voilà un pays où l'élitisme fait partie intégrante des mentalités. Mais, à la différence de ce à quoi nous avons droit ici, l'élitisme ne concerne pas uniquement " chimie, physique, maths ", ou " chimie, biologie, maths " ou encore " économie, comptabilité, maths ". L'élitisme touche toutes les aptitudes. Un enfant doté de talents pour la gymnastique par exemple, sera poussé dans sa filière, de même que celui qui sera doué pour le chant, la danse ou la musique. Ainsi, chaque catégorie a son lot d'élites.

Le problème à Maurice ne proviendrait-il pas alors de la mentalité " mo piti bizin vine docteur, avocat ou ingénieur " ? Ne serions-nous pas dans une société qui favorise le développement intellectuel au détriment des autres aptitudes de l'enfant ? Et encore, " développement intellectuel " serait trop étendu dans la mesure où certaines filières sont favorisées, celles considérées comme les plus académiques, au détriment des filières plus techniques ou artistiques.

Ne devrions-nous pas songer plutôt à une éducation de la population concernant les potentialités des filières non scientifiques par exemple ? Ne devrions-nous pas songer aussi à encourager les jeunes à développer leurs compétences au lieu de se fondre dans le moule imposé par les " pseudo choix " de sujets offerts au SC ou au HSC ?

Prenons un exemple " banal ". La littérature se limite souvent dans la conscience des Mauriciens à lire un texte donné et à en faire un commentaire. Mais la littérature peut aussi être une ouverture sur le monde. Tout comme la télé, ou les médias en général, la littérature offre un regard sur des cultures différentes, des façons de penser différentes, des mentalités différentes. La littérature, à sa façon, encourage l'esprit critique. Ce n'est pas seulement lire un texte et commenter. C'est chercher à comprendre la motivation d'un personnage, à comprendre la psychologie qui caractérise l'individu, c'est prendre en compte le contexte socio-historique dans l'interprétation, c'est aussi développer l'imaginaire. La lecture est un facteur dans le développement et l'évolution personnelle. Elle offre des émotions et des connaissances qui peuvent changer la vision de l'individu.

Car, en effet, le rôle de l'éducation n'est pas seulement d'assurer la formation qui permette de trouver un " bon " travail dans le sens mauricien. L'éducation est par définition " l'art de former une personne, spécialement un enfant ou un adolescent, en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d'affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie ". Cette définition à elle seule peut éclairer les lacunes majeures de notre système et de nos mentalités. Ne serait-ce que pour se poser la question, est-il légitime d'accorder ainsi la primauté à l'éducation intellectuelle, en négligeant l'existence même d'une éducation artistique, littéraire, professionnelle, religieuse ou physique ?

NOOREEDA KHODABOCUS
(LA JEUNESSE MILITANTE)

1 comments:

ANGELINE Richie said...

De très bonne remarque et beaucoup de vérité, mais tout en s'occupant de l'éducation des jeunes, il faut prendre en considération la rééducation des parents. Car, l'éducation des parents doivent être remis en question et faire une mise à jours. l'éducation commence à la maison par la famille. De plus la religion ne doit pas s'interposer dans un domaine qui influence trop l'esprit critique en plein développement. Ce qui pose la question, repenser un tout, non dans un but investissement, mais l'évolution de toute l'île.

Post a Comment