Wednesday, January 12, 2011

Articles/Entretiens/Medley La Jeunesse Militante dans la presse

Chetan Ramchurn: “Le MMM doit songer à l’après Bérenger”/Entretien accorde a L'Express Dimanche du 26/09/2011

Vous avez été élu à la présidence de l’aile jeune du MMM à 26 ans. On reproche souvent aux ailes jeunes de n’avoir pas droit au chapitre au sein des partis politiques. Qu’en est-il ?
Il est vrai que l’aile jeune n’a pas toujours su imposer ses idées sur certains dossiers importants et cela se comprend. Il faut dire que les jeunes ont toujours été cantonnés des dossiers basiques, tels que l’éducation, la violence etc… Si elle souhaite s’exprimer sur des sujets plus importants, l’aile jeune doit tout d’abord se façonner une crédibilité. Et c’est là mon objectif. D’un autre côté, le parti doit réaliser que la jeunesse a un droit de regard sur des sujets d’importance national. C’est donc à nous de nous imposer et de faire en sorte que nos opinions et nos idées soient prises en compte par les dirigeants.
On dit que vous ne pratiquez pas la langue de bois. Faut-il reprendre cette phrase au passez ?
J’ai toujours été un peu rebelle. Je sais l’ouvrir quand il le faut. D’ailleurs, j’ai été l’un des premiers à prendre position contre l’alliance entre le MMM et les travaillistes à la veille des élections générales. J’avoue, même si je suis conscient que mes propos risquent de faire sourciller certains au sein du parti, que l’éventualité de cette alliance de circonstance m’a dégouté sur le moment. J’estime qu’un parti, quel qu’il soit, ne doit pas renier ses idéologies et ses valeurs sous prétexte de remporter des élections. Et plus important encore, il incombe à chacun de faire entendre sa voix s’il pense que son parti divague.

Et le MMM justement, divague-t-il encore ?
Cinq mois après les élections, le parti ne s’est toujours pas remis en question. Cette étape est cruciale si l’on veut redonner au MMM les outils nécessaires pour aller de l’avant. Et pour ce faire, le parti doit songer à l’après Bérenger. Mais aujourd’hui, personne ne veut aborder ce sujet et résultat, nous fonçons droit dans le mur. Car il nous faut regarder la vérité en face : la situation est telle aujourd’hui que sans Bérenger, le MMM n’existe pas. Je peux me permettre de dire cela ouvertement car je ne suis pas bérengiste. Je ne suis pas entré au MMM pour lui, mais pour les idées que défend le parti.
Concrètement, vous proposez quoi ?
Je suis pour l’organisation de primaires qui permettrait à de nouveaux dirigeants d’émerger. Si on prend l’exemple des Etats-Unis, c’est justement ce système qui a permis à Barack Obama de se faire connaître et d’accéder à la plus haute marche. Mais à Maurice, nous sommes toujours empêtrés dans le culte de la personnalité. Ici, ce sont les Ramgoolamistes contre les Bérengistes et plus personne ne s’intéresse aux débats d’idées. Je veux contribuer à changer cela. Les jeunes doivent se mobiliser s’ils veulent que la politique évolue.
Vous mettez le doigt sur ce qui vous déplait au MMM. Pourquoi dans ce cas avoir accepté de présider son aile jeune ?
A l’occasion de la célébration des 40 ans du parti, nous eu l’occasion de redécouvrir les idéologies et les valeurs qui ont mené à la création du MMM. Et c’est ce retour aux sources qui m’a redonné la motivation de faire de la politique active.
Nous sommes, au MMM, dans une logique de réaction. Et c’est ce qui nous cantonne dans un rôle critique. Nous devons aller au-delà de la critique et proposer des idées nouvelles mais aussi une vision à long terme. Bref, le MMM doit faire de la politique autrement. Et je pense pouvoir y contribuer.
Propos recueillis par Guillaume Gouges, l’express dimanche

 Ramgoolamiste ou Berengiste/Edito de Rabin Bhujun/L'Express Dimanche/26/09/2011
Doit-on être Ramgoolamiste pour être membre du Parti travailliste ? Est-ce que « militan koltar » est la définition standard du mot « Bérengiste » ? Dans un pays où être militant d’un parti signifi e avant tout jurer allégeance à son leader, Chetan Ramchurn, président de l’aile jeune du MMM, donne sa défi nition (voir page 19) de la politique locale. « Ce sont les Ramgoolamistes contre les Bérengistes, et plus personne ne s’intéresse aux débats d’idées.» Le propos est lapidaire. Mais notre courte histoire postindépendance nous aide à comprendre pourquoi ce qu’avance Chetan Ramchurn n’est, après tout, que la stricte vérité.
Les faits sont diffi cilement contestables. Depuis 1968, le pouvoir politique s’envisage comme un patrimoine familial. Mû par la règle voulant que la direction du parti se transmette de père en fi ls. C’est le cas chez les Ramgoolam (hormis la parenthèse Satcam Boolell), les Jugnauth, les Duval. D’aucuns voudraient que le MMM suive la même logique. Quand c’est le leader qui fi nit par incarner le parti, on comprend pourquoi il est à ce point-là facile pour les sympathisants de se proclamer « Ramgoolamistes » ou « Bérengistes » d’abord, travaillistes ou militants ensuite.
Le phénomène des alliances a accentué cette propension à vénérer les chefs politiques. En leur conférant, au passage, l’incroyable faculté d’avoir raison en toute circonstance. Depuis l’indépendance, les leaders des quatre principaux partis du pays ont ainsi démontré qu’ils peuvent s’allier entre eux sans le moindre problème. Tant que l’enjeu de l’alliance demeure la préservation ou la conquête du pouvoir – souvent précédemment acquis à l’aide d’un autre partenaire !
Très vite les leçons ont été retenues à partir de ce mode opératoire. Un militant MMM foncièrement anti-travailliste a appris à tempérer sa hargne. Tout comme un camarade du MSM hostile à l’idée de tout rapprochement avec le MMM a dû, par moments, ravaler ses convictions. L’enjeu : ne pas être pris au dépourvu et être prêt à cautionner les décisions ou volte-face du leader. Le moyen le plus efficace d’y arriver est justement de se faire Ramgoolamiste, Duvaliste ou Bérengiste.
Cette posture permet par exemple d’escamoter le fait qu’on est anti peine de mort dans un gouvernement qui prône sa réinstauration. Ou encore à faire semblant d’épouser une politique économique libérale que mène le pouvoir alors qu’on ne jure que par le protectionnisme et l’interventionnisme étatique. C’est en effet tellement plus facile de commencer sa phrase par le rituel « comme le dit le leader… » Surtout quand on chercher à éviter d’exprimer des opinions contradictoires.
Ce fonctionnement a permis aux leaders politiques d’instaurer autour d’eux une culture de suivisme. Alors comment les Chetan Ramchurn peuvent-ils prétendre bousculer des mœurs politiques paraissant si solidement établies ? La première étape consiste sans doute en un retour aux valeurs fondamentales de chaque courant politique. L’approche pragmatique du MSM. La volonté travailliste d’émanciper toutes les couches de la
population, notamment par le travail. Ou encore la lutte du MMM pour l’égalité en droit de tous les Mauriciens.

Le retour aux sources n’est toutefois pas si aisé qu’on ne le pense. Un partisan MSM peut-il risquer de dire à Pravind Jugnauth que son approche mollassonne vis-à-vis du gouverneur de la Banque de Maurice donne l’impression que le principal décideur économique du pays se trouve à la BoM Tower ? Comment dire à Bérenger que sa stratégie électorale depuis 1981 est en totale contradiction avec les idéaux égalitaires et unitaires du MMM ? Comment confronter Navin Ramgoolam sur la question de la lutte contre la pauvreté qu’il gère avec des arrière-pensées purement politiques depuis quelques mois ?
Il est évident que ceux qui oseraient tenir ce type de discours au sein de leur parti  s’exposeraient à la vindicte de leurs camarades suivistes. Mais il est aussi probable que ce type de discours réveille quelques consciences endormies. Lançant ainsi des débats contradictoires au sein de ces partis. De tels exercices pourraient toutefois aboutir à la remise en question de telle ou telle décision des leaders. Or, ces derniers, habitués à ne pas devoir rendre des comptes – ou si peu –, ne toléreront sans doute que très mal la présence de contestataires au sein de leur parti. Deux issus possibles : ces audacieux seront ramenés à la raison. Ou alors éjectés du parti.
C’est ce qu’il se passera si les suivistes continuent à être les membres majoritaires de nos principaux partis. Mais si ce n’est pas le cas. Si des Chetan Ramchurn s’imposent au PTr, au PMSD ou au MMM ? La remise en question qu’on dit impossible au sein de notre classe politique pourrait alors arriver bien plus vite qu’on ne le croit…

IMPACT/Sunil Gopal.
Le leader historique du Mouvement Militant Mauricien (MMM), paul bérenger, a enfin effleuré un sujet tabou au parti des mauves : la relève et sa succession. C’était Dimanche dernier à l’assemblée des délégués du MMM à la Municipalité de Quatre-Bornes.

Paul Bérenger a affirmé que, pour l’heure, « nous devrons préparer la relève, mais sans nous presser ». Et d’ajouter cette phrase lourde de sens : « Quant à moi, je serai là aussi longtemps que le MMM aura besoin de moi. »

Bérenger se garde d’aller au fond de sa pensée. Il ne dit pas explicitement quand et comment cette relève va se préparer. Déjà, profitant des récentes élections générales, il a fait entrer quelques jeunes au sein de l’équipe dirigeante.

Ainsi, le néophyte Reza Uteem s’est vu propulser au ‘front bench’ de l’équipe parlementaire du MMM.

Du coup, certaines têtes pensantes du MMM, à l’instar du leader adjoint Jayen Cuttaree, ont tiré leur révérence. Profiterat- il des élections municipales pour faire entrer davantage de jeunes au sein du parti? De toute évidence, la tenue des élections municipales sera une étape importante pour les mauves.

Cette joute urbaine leur permettra de se refaire une santé politique, à moins que Navin Ramgoolam, en fin stratège, ne leur coupe l’herbe sous les pieds.

Même si le MMM tente par tous les moyens d’éviter la question de succession de Paul Bérenger, le moment viendra quand les mauves n’auront aucun choix que de l’aborder en toute lucidité.

La récente campagne électorale a démontré à quel point le leadership de Bérenger est un couteau à double tranchant. D’une part, la présence de Bérenger aux commandes du MMM rassure les minorités et, d’autre part, elle ‘effraie’ la communauté majoritaire.

Sinon, comment expliquer que des politiciens chevronnés – comme Madan Dulloo, Dinesh Ramjuttun, Ashock Jugnauth, Ajay Gunness et Pradeep Jeeha – ont, tous, mordu la poussière aux élections générales de mai dernier ? La campagne de l’Alliance de l’avenir a grandement contribué à créer cette phobie de Bérenger.

Il était la cible privilégiée des principaux dirigeants de l’Alliance gouvernementale. Navin Ramgoolam ne cessait de répéter que le choix était entre lui et Paul Bérenger. Cette affirmation valait son pesant d’or. Le MMM pourra-t-il se permettre une répétition de 2010 aux élections générales prévues théoriquement en 2015 ?

En 2005, son partenaire d’alors, le Mouvement socialiste militant (MSM), avait fait les frais de l’entêtement de Bérenger de se présenter comme candidat au poste de Premier ministre face à un Navin Ramgoolam requinqué après son passage au sein de l’Opposition.

Les jeunes qui adhèrent au MMM n’auront jamais la même flamme militante qui anime le coeur des vieux militants ‘coaltar’.

Ceux-là ont connu les années de braise, marquées par de grandes manifestations où les gardes-bâtons ne se faisaient pas prier pour matraquer les militants, les grèves de la faim, les grands mouvements de revendications des travailleurs, les arrestations arbitraires, la répression syndicale, la censure de la presse, les réunions clandestines et le règne des ‘tapeurs’ du PMSD.

Pour ces militants de la première heure, Bérenger est un symbole, un leader historique et incontesté. Mais Bérenger n’a pas cette même valeur de symbole auprès de la nouvelle génération de militants qui, justement, n’a pas connu les moments glorieux du MMM naissant.
Cela explique pourquoi le nouveau président de l’aile jeune du MMM, Chetan Ramchurn, s’est permis d’affirmer sur les ondes de Radio One qu’il « n’est pas Bérengiste ». Cette affirmation pourrait ouvrir la voie à un autre MMM, sans Bérenger, du moins sans Paul. Cela paraît impensable, même pour ses pires adversaires qui se font un malin plaisir de l’utiliser comme le ‘punching ball’ national.c Est-ce que l’ère post-Paul Bérenger a déjà sonné ? Est-ce que le MMM succombera au phénomène de la ‘dynastocratie’ en propulsant Emmanuel, le fils de Paul Bérenger, aux commandes du parti ?

Verra-t-on Steve Obeegadoo prendre la relève de Paul Bérenger ? Autant de questions auxquelles le MMM ne semble pas être pressé de répondre.

En attendant , Navin Ramgoolam peut tranquillement continuer ses périples à travers le monde. Il n’a toujours pas de ‘challenger’ en vue.

Le seul qui pouvait prétendre lui ravir son poste est son allié, qui lui, occupe le poste de ministre des Finances et du Développement économique.
SUNIL GOPAL

Source : Impact

L’aile jeune du MMM a été créée en 1973. Elle regroupe des jeunes de 15 à 30 ans. Un nouveau comité exécutif a été élu, le samedi 18 septembre 2010. Le nouveau président est Chetan Ramchurn. Fabiani Balisson et Ridwaan Beeharry, sont, respectivement, vice-président et secrétaire.

«L’aile jeune se réunit chaque deux semaines pour discuter de sujets d’actualité. Il y a une remise en question constante. Nous transmettons nos opinions sur différents sujets aux secrétaires généraux du parti. Nous allons aussi à la rencontre des jeunes de quatre coins de l’île», soutient Fabiani Balisson.

Concernant le nouveau comité exécutif, il confie que «c’est une nouvelle équipe, avec un nouveau dynamisme, une nouvelle façon de procéder».

«Nous voulons prendre une nouvelle approche : être présents dans les médias, nous prononcer davantage sur des sujets d’intérêt national. Nous voulons faire passer nos idées, contribuer aux dossiers du parti, et non pas nous contenter de distribuer des banderoles», affirme le vice-président de l’aile jeune du MMM.

0 comments:

Post a Comment