ENGAGEMENT DES JEUNES: Redonner à la politique sa dignité et sa raison d’être
On se demande souvent pourquoi la  politique n’intéresse pas les jeunes à Maurice. La réponse semble  évidente dès lors que l’on songe à tout ce qui s’est passé ces derniers  temps.
La politique, c’est d’abord « l’art de conduire les affaires de l’État, la science et la pratique du gouvernement de l’État ».  Les jeunes se sentent souvent dépassés par toute cette science, surtout  que le contexte mauricien n’arrange pas les choses. Les jeunes n’y  comprennent pas vraiment grand chose à toutes ces histoires de rivalité,  de dynastie, d’alliance, de cassure d’alliance, alliés aujourd’hui,  pires ennemis demain… Quant à nos dirigeants, il semblerait que ce ne  soit qu’un jeu pour eux, jeu de gouvernance, jeu de pouvoir. Conduire  les affaires de l’État semble être au second plan. Ce qui importe c’est  sa petite personne d’abord et avant tout.
La politique, c’est aussi « la conduite effective des affaires publiques, menée, suivant certains principes, par le gouvernement d’un État ».  Deuxième raison qui pousse les jeunes à ne pas s’y intéresser. Si le  gouvernement est effectivement responsable de la gestion des affaires de  l’État, on peut se poser des questions quant aux principes qui le  gouvernent. De plus, rien ne nous laisse ici penser que cette  gouvernance se fasse de manière effective.
Ce que nous voyons ici suffit à dégoûter plus d’un de la politique. Trois cas.
D’abord, nous avons une Ministre de la Santé inculpée puis libérée sous  caution. La logique, la morale et les principes veulent que celle-ci  démissionne, ne serait-ce que pour montrer une certaine dignité. Le cas  échéant, la logique veut que le chef de l’État agisse. Et il le fait. Il  demande de démissionner. Elle refuse. Qui est le chef ?
Ensuite, l’enquête de la commission anti-corruption se poursuit. Et,  coup de théâtre. Tous les ministres du MSM démissionnent, mais  uniquement comme ministres, pas comme parlementaires. Par solidarité,  disent-ils. Cela voudrait-il dire qu’ils mettent en doute les  compétences de la commission anti-corruption ? Peu importe les raisons  en fin de compte, puisqu’ils restent solidaires du Ptr. Pourquoi alors  démissionner, si c’est pour rester dans la même alliance ? Comment  peut-on être dans l’opposition et dire en même temps que l’on soutient  le gouvernement ? En un mot, la politique prend la population pour des  imbéciles. Et pour les jeunes ? C’est un feuilleton dont tout le monde  parle, mais pour lequel ils ne voient pas de réel intérêt, surtout si  c’est pour être pris pour un imbécile.
Et enfin, le chef de l’État lui-même. Pendant que les actes  s’enchaînent sur la scène politique, avec les membres du gouvernement  dans les premiers rôles, lui ne sent pas la nécessité d’être présent. On  se rend alors compte combien lui est chère la gestion du pays. Entre  son trophée et son gouvernement qui tombe en miettes, il n’y a pas  photo. Pourquoi le jeune s’intéresserait-il alors à la politique puisque  ce n’est que pour élire une personne qui une fois élue aura tout oublié  de ses belles paroles de sincérité, d’égalité et de justice ?
Sauf que finalement, ce qui se passe dans notre petite île c’est bien  de la politique. C’est de la politique avec une acception que nous avons  oubliée, mais qui n’a pas échappé aux dirigeants du pays. La politique,  c’est aussi « l’habileté manifestée dans les rapports avec les  autres qui consiste essentiellement à amener autrui à faire ce que l’on  désire, sans pour autant dévoiler ses propres intentions ». Et à ce  jeu, il faut dire que le trophée revient sans conteste à notre cher  Premier ministre, ce qui n’est pas si mal finalement, vu son avidité  d’en recevoir.
La politique, tout le monde en parle, beaucoup même. Mais au final, on  se rend tristement compte que ce qui compte aujourd’hui pour remporter  des élections c’est l’argent, la couleur de la peau, la religion et la  caste. C’est aussi être très bon acteur...
Alors on se pose la question. Comment des êtres dénués d’un sentiment  de responsabilité ont pu être menés à la tête du pays ? Comment ont-ils  pu être choisis par la population ? On s’interroge alors sur  l’importance d’un programme électoral et de la compétence sur la scène  politique. Et on trouve la réponse dans le peuple admirable que nous  sommes. Admirable par son inertie, sa passivité, et surtout sa capacité à  oublier vite et à pardonner.
Et on se demande pourquoi tout cela n’intéresse pas les jeunes…
Et si on leur montrait que la politique ce n’est pas seulement faire  campagne pour remporter les élections ? Et si on leur montrait que faire  de la politique, c’est aussi faire son devoir de citoyen ? Et si on  leur montrait qu’il y a une façon honnête de faire de la politique ?
Et si on leur montrait des politiciens qui respectent leur engagement  et leur idéologie même s’ils ne sont pas élus parce que ce qui importe  c’est le peuple ? Et si on leur montrait des politiciens capables de  faire quelque chose pour la communauté, la région sans être ministre ou  député ? Et si on leur montrait que la politique ce n’est pas seulement  ce que l’on voit dans les médias ces derniers jours ? Si on leur  montrait simplement des politiciens qui croient en des valeurs et les  défendent peu importe les circonstances, sans renoncer, sans compromis ?
Alors les jeunes verront la beauté de la politique, et plus important, la politique retrouvera sa dignité et sa raison d’être.
 
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