Tuesday, October 11, 2011
Tuesday, October 4, 2011
LE DÉBAT SE POURSUIT — L’avortement : cessons d’être hypocrites et égoïstes ! | Le Mauricien
LE DÉBAT SE POURSUIT — L’avortement : cessons d’être hypocrites et égoïstes !
FOKEERBUX N.A, NOOREEDA KHODABOCUS
L’avortement est un sujet très délicat. Nous avons ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, avec des arguments forts des deux côtés. Or, ce débat devrait amener à considérer, peu importe sa position, certains cas, notamment les cas de viols, d’inceste, de grossesses précoces ou encore lorsque la santé de la future maman est en péril, mais aussi les cas de grossesses non désirées. Bien qu’idéalement la question d’avorter ne doive intéresser que les personnes concernées, c’est impératif que nous considérions la question par rapport aux réalités de notre société.
Quand avorter : Grossesse accidentelle, viol, grossesse précoce, danger pour la vie de la mère porteuse
Nous entendons certes l’indignation des détracteurs de la légalisation de l’avortement. Mais cessons pour une fois d’être hypocrites et égoïstes. Nous ne savons pas ce qui peut pousser une femme à vouloir avorter. Nous ne pouvons imaginer comment doit se sentir cette femme. Nous ne pouvons imaginer la douleur d’une femme qui a été violée et qui doit ensuite porter l’enfant de celui qui l’a détruite, de le voir grandir, au risque de ressembler au « papa ». Nous ne pouvons connaître les raisons qui poussent un couple à décider que la venue d’un enfant est indésirable. Nous ne pouvons imaginer ce que ressent une personne se retrouvant enceinte accidentellement.
Un enfant est certes innocent. Un enfant, c’est la vie. Cependant, penser que la légalisation de l’avortement dans certains cas précis est souhaitable ne fait pas forcément de nous des monstres. Est-il juste qu’à cause de la loi, une femme accouche d’un enfant qu’elle ne désire pas ? N’est-ce pas encore plus cruel pour cet enfant qui devra vivre avec ce poids ? Et les cas où l’enfant naît dans une famille ne pouvant s’occuper convenablement de lui ? Car si nous ne nous voilons pas la face, ils sont nombreux les cas d’enfants « accidentels » ou non désirés au départ. Malgré toute l’indignation que pourraient ressentir certains, il existe des mères pour dire que l’enfant n’était pas désiré mais qu’il n’y avait pas d’autre alternative.
Cependant, nous ne pouvons nier les réalités de notre société. Nous vivons, sur une petite île certes, mais au 21e siècle. Si nous y réfléchissons de manière réaliste et objective, elles sont peu nombreuses les jeunes filles en âge de tomber enceinte qui ne savent pas comment cela arrive. De plus, dans les cas où il y aurait le risque d’être enceinte, les méthodes existent qui permettent d’empêcher la grossesse sans avoir recours à l’avortement, telle la pilule du lendemain.
Légalisation, mais dans certains cas
Voilà pourquoi nous proposons de légaliser l’avortement, mais dans des cas spécifiques. Parmi les critères, nous pensons qu’il faut surtout considérer l’aspect scientifique qui précise de manière claire à quel moment le fœtus est considéré comme un être vivant. Nous devrions éviter de tomber dans le cliché qu’un caillot de sang est un être vivant à part entière. Vivant certes, mais autonome, non, puisque jusqu’à un certain stade de développement, ce fœtus n’est rien d’autre que des cellules parmi d’autres faisant partie de la femme.
Selon les données de la recherche scientifique à ce jour, ce n’est que douze semaines après la fécondation que nous pouvons qualifier le fœtus d’être à part entière. Après douze semaines, le fœtus est suffisamment développé. Les artères et les vaisseaux coronaires sont présents et le sang circule à travers tout le petit être. Les cordes vocales sont formées, et l’enfant peut même de temps en temps pleurer silencieusement. Le cerveau est formé et l’enfant peut ressentir la douleur. Avant ce délai, le fœtus ne peut pas encore ressentir. C’est pourquoi, passé ce délai, se faire avorter devient un acte inhumain, synonyme de crime.
De plus, l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) ne comporte que des risques minimes. Elle est comparable à la plupart des interventions chirurgicales courantes. Le seul hic qu’il pourrait y avoir, c’est la phase de regret par laquelle pourrait passer la femme après avoir avorté. Le fait d’avorter durant les douze premières semaines en minimise les risques. Un suivi psychologique est toutefois recommandé après un avortement.
Un corps médico-légal pour l’avortement
Nous sommes entièrement d’accord avec la position du Procureur Général sur les cas spécifiques où l’on peut pratiquer l’avortement. Cependant, nous pointons du doigt la manière préconisée pour octroyer le droit d’avorter. Nous ne pensons pas que la meilleure décision serait celle prise par un comité composé du Secrétaire Permanent (P.S) au Ministère de la Santé et de deux médecins.
Nous proposons à la place qu’il y ait un corps médico-légal pour l’avortement composé de deux médecins spécialistes en la matière, dont l'un assurerait la présidence du comité et ratifierait la décision du comité, un homme de loi, un psychologue, et deux membres appartenant à deux ONG (Organisation Non Gouvernementale) différentes comme la MFPWA (Mauritius Family Planning Welfare Association) et Amnesty International, et que quatre des cinq membres soient en faveur pour que le droit d’avorter soit accordé.
Le droit à la vie ne doit pas devenir une condamnation pour un être innocent, et même deux êtres innocents si nous pensons aux grossesses précoces ou aux victimes de viol. Beaucoup seront ceux qui taperont du poing pour s'élever contre l'avortement. A ceux-là nous disons : Serez-vous prêts à adopter l'enfant abandonné parce que né d'une grossesse non désirée ? Serez-vous prêts à reconstruire la vie de l'adolescente violée qui doit en plus vivre avec cet enfant et voir tous ses rêves s'envoler ? Serez-vous prêts à nourrir cet enfant qui naîtrait dans une famille ne pouvant subvenir à ses besoins ?
Ne traînons plus et ayons le courage de dépasser les préjugés et prendre la bonne décision parce que, en attendant, nombreuses sont les vies qui se brisent !